Décembre 2011. Alors que je travaille à la genèse de ce blog depuis quelques semaines, une dépêche AFP est tombée. Je la parcours, amusé, puis indigné, quand même.
«En faisant de l’autisme la Grande cause nationale 2012, le Premier ministre souhaite sensibiliser les Français à la nécessité de lutter contre les préjugés qui l’entourent encore trop souvent», soulignent les services du Premier ministre dans un communiqué.
Je projette, le glissement métaphorique est un refuge. Devrais-je ressentir l'indicible joie de ces soldats d’une autre Grande guerre, extraits par l’Armistice de la pestilence boueuse de leur tranchée, avec la promesse d'échapper au marbre d'une mort anonyme annoncée?
SANS RAISON APPARENTE Vivre avec l'autisme
A propos de l'auteur
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Armand T.
Né fin des années 50, père d’un enfant unique autiste de 20 ans, atypique avec de forts troubles de comportement (mon fils), en mode "survie" depuis 20 ans (nous, parents), humaniste depuis toujours (enfin, je crois), graphiste concepteur, professionnel de la communication, enseignant de la même communication, photographe aussi, j’ai jalonné notre périple douloureux de plus de 9000 photos.
Intentions
Né fin des années 50, père d’un enfant unique autiste de 20 ans, atypique avec de forts troubles de comportement (mon fils), en mode "survie" depuis 20 ans (nous, parents), humaniste depuis toujours (enfin, je crois), graphiste concepteur, professionnel de la communication, enseignant de la même communication, photographe aussi, j’ai jalonné notre périple douloureux de plus de 9000 photos.
Le tout fortement lié et propulsé par des liens affectifs profonds, mais sans cesse menacés, érodés par une vie trop dure, et une nécessaire pugnacité. Avec des corolaires : une violence en embuscade, une mise en danger tapie dans l’ombre d’un spectacle sans moyens.
Mon fils a 20 ans en mai 2012 ; j’aimerais m’investir dans une trace palpable de ce bout d’histoire, récompenser sa (notre) volonté de vivre, avec ce paradoxe qu’il ne sait ni lire ni parler, seulement s’exprimer et qu’il ne pourra donc jamais juger de l’existence même de cette démarche. Je le fais donc pour l’autre, pour moi, pour nous...
Au-delà de l’exutoire, de la catharsis, la cible en resterait donc tous les curieux d’une vie polymorphe, à travers ce cas d’espèce, un témoignage, anecdotique, d’un autisme atypique ; public pas compatissant (nous en sommes loin de là, moi et sa mère) d’un spectacle simple traité par petites touches affectives, impressives, décalées, visuelles... Enfin, ça en est l’objectif.
Histoire (notes rétroactives sur les 10 dernières années) et chronique d’enfermements successifs, d’une marginalisation progressive, de la revendication d’un droit à exister... combat d’une portée microscopique, mais peut-être signifiant dans la recherche de sa propre tolérance.
UN APPERCU DE CE MERVEILLEUX BLOG ET LE LIEN POUR APPRONFONDIR, DECOUVRIR.... http://autisme.blogs.liberation.fr/vivre/
20 mars 2012
C'est tranché, nous sommes sauvés
Une matinée comme tant d'autres. Différente.
Émilien était debout à 4 heures du matin. Depuis il tourne en rond dans la maison, refuse de se poser, ignore tout ce qu'on lui propose. On va se partager la journée, comme tant d'autres journées.
Il est 10 heures, nous marchons. En cette matinée de fin février, j'ai choisi une piste au fond d'un vallon montant en faux plat vers l'est; une erreur, le soleil d'hiver est trop bas, ses rayons peinent à traverser la chênaie pour réchauffer nos pas.
Lire la suite "Une matinée comme tant d'autres. Différente." »
L'épreuve, par l'image
Bon, ce blog est. C'est indéniable. Mais paradoxalement, je sais surtout ce qu'il ne sera pas.
Ce ne sera d'abord pas un blog de photographe. Un photographe exerce son métier, son oeil, dans le libre choix de ces propres thématiques : passionnelle, auto-expressive, artistique, documentaire, fonctionnelle, alimentaire...
Je n'ai pas eu ce choix ; les prises de vues qui ont rythmé nos balades depuis 15 ans relèvent d'un sujet imposé, d'une monothématique obsessionnelle ; lui, moi, nous, au-dessus de notre horizon, dans le périmètre de chacun de nos pas et tout ce qui se trouve entre ces deux infinis ; par tous les temps, par petites touches, répétitives, anecdotiques. L'impulsion de départ était née d'un constat presque inconscient : le temps à consacrer aux loisirs s'enfuit, il s'agit d'optimiser toute minute qui passe, d'essayer. Et sur le terrain, c'est devenu l'exutoire nécessaire, une fuite, puis un jeu avec Émilien et un prolongement affectif. Presque thérapeutique. Émilien est sensible à l'image. À nos images, aussi. Émilien aime les voir, les revoir, se voir.
08 mars 2012
Mi-fugue, mi-raison
Émilien n’est pas un fugueur type. Ce n’est pas ancré dans son comportement. Les fois où il nous a échappé se comptent sur les doigts d’une main et pour chacun de ces cas, les raisons restent obscures... Des lubies ? Mais ce jour-là, il démontre une réelle capacité à comprendre son monde et à interagir avec. Enfin, je pense.
Un chiffre sur deux, tu seras père
En relisant mes premières notes, je me rends compte d'un certain aspect quantifié, chiffré ; de ce besoin pas forcément conscient de rationaliser notre vie à travers des échelles de temps, de distance, de pas...
Se rassurer ? Évaluer le poids, la charge ? Pour "extérioriser" ? Comme le ferait un captif avec six marques barrées d’une septième pour chaque semaine, cette dernière qui raye symboliquement les barreaux que représentent les six autres. Se proposer des traces qui prouvent que l’on avance, que l’on s’est battu et que l’on se bat encore. Et qui décomptent, forcément, puisqu'elles traduisent aussi ce qu’il reste encore à parcourir. Et de contempler tous les jours le spectacle de cette calligraphie cathartique…
29 février 2012
La somme de ce que nous sommes
28 février 2012
Sans raison apparente
Quelque part en novembre. Fenêtre ouverte, hiver encore trop doux.
Les étourneaux sont de nouveau là. Par centaines, ils font escale dans notre petit village. Certains s’en plaignent. Leur nombre est angoissant, leur comportement aussi; et leur étonnante aptitude à évoluer en groupe; l’impact de leur formation serrée, de leur densité.
Je dois fermer la fenêtre; mes doigts frisent les touches du clavier comme jamais ils n’ont hésité. Difficile de poser ce premier message, point d’ancrage entre vingt années d’autisme — ou avec autisme comme le veut la sémantique euphémique actuelle — et peut-être encore vingt à venir...
Vingt années à avancer avec notre fils unique, son handicap, nos handicaps: l’autisme, atypique, pour lui, les impacts psychologiques pour nous, père et mère, et sociologiques pour notre famille et notre couple.
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